Les rues d'Orléans d'antan.

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Rue du Plat-d'Etain

Ancien(s) nom(s) (Toutes sources confondues)

Situation (la notion "d'enceinte" est géographique pour les rues nouvelles)

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1ère enceinte - Centre ville. Proche Loire.

Voir sur la carte Communautés Anciennes rues

Rue du Plat-d'Etain à Orléans

Dans cette rue, au moyennage, se tenaient plusieurs établissements de bains ou étuves. Le métier d'étuvier consistait à chauffer l'eau des bains, ceci fait, des crieurs s'empressaient d'annoncer bruyamment l'ouverture des boutiques.

«Seigneur qu’or vous allez baigner
Et estuver sans délayer ;
Les bains sont chauds, c’est sans mentir… »

Les étuviers étaient organisés en corps de métier, avec obligation de fermer le dimanche et de refuser les malades. Dans les étuves on se lave, avec du savon à base de graisse animale ou de plantes (Savonaire), mais d'autres distractions sont présentes.

Hormis le bain, seul ou à plusieurs, on peut manger, boire, jouer aux cartes, faire des affaires, profiter d'un lit, se faire masser et beaucoup plus si affinités. Les étuves sont mixtes jusqu'à la fin du 14ème siècle. Promiscuité et liberté sexuelle feront des étuves une source d'épidémies et de maladies vénériennes, de plus, dès le 16ème siècle, l'église voit d'un mauvais œil ces lieux de plaisir :

"L’eau est source de plaisir donc c’est immoral".

Se laver va devenir de plus en plus rare, voire interdit par les instances ecclésiastiques et médicales, l'eau étant dangereuse en plus d'être pernicieuse. Au 17ème siècle il reste encore des établissements, mais plutôt destinés à la noblesse et peu fréquentés : Avant un mariage ou un rendez-vous galant ou pour y cacher des relations discrètes … C'est au 18ème siècle et surtout au 19ème qu'enfin, timidement, la propreté et l'hygiène passent à nouveau par l'usage de l'eau...

Mais revenons à nos moutons. L'emblème des étuvistes-barbiers (parfois même chirurgiens) était un plat à barbe (en étain) parfois surmonté d'une barbichette. Cette enseigne donnera son nom à notre rue.

Dans cette rue habitait Maître Jean, le célèbre couleuvrinier qui, avec sa couleuvrine (canon) durant le siège d'Orléans par les Anglais et lors de l'attaque du Fort Saint-Laurent (3 mai 1429) tua cinq ennemis. Parmi eux se trouvait le seigneur de Grey, neveu de Salisbury (Il fut l'un des commandants anglais pendant la guerre de Cent Ans.) C'est également dans une étuve de cette rue que le gouverneur d'Orléans, Raoul de Gaucourt, sera soigné de son bras blessé durant le siège en mai 1429.

Jeter le bébé avec l'eau du bain : Jusqu’à la fin du 19ème siècle, se laver n’était pas courant et l’accès à l’eau potable restreint. Aussi, il était d’usage de prendre un bain en suivant la hiérarchie familiale. Lorsque la vasque était remplie d’eau claire, c’est le père ou le chef de famille qui se lavait en premier. Venaient ensuite les aînés mâles, puis les femmes, pour finir par le bébé. A mesure, l’eau était noircie par la saleté, il fallait alors prendre garde à ne pas oublier le petit dernier dedans.